La fibre de carbone accélère la montée en gamme des vélos de sport

Carbon fibre bike

Dans le sillage du QiCycle de Xiaomi et du smart road bike de LeEco, de nombreuses entreprises chinoises développent leurs propres vélos en fibre de carbone. Elles sont stimulées par un marché domestique en pleine renaissance qui profite des politiques gouvernementales incitatives et de la croissance de la classe moyenne chinoise.

Traditionnellement, la Chine est le plus grand marché de vélos au monde. En 2015, la production totale de bicyclettes en Chine a atteint 80,3 millions d’unités, 72 % d’entre elles étant exportées et 28 % (22,8 millions d’unités) utilisées localement, selon les chiffres fournis par l’Asia Bike Trade Show, un salon professionnel qui se tient chaque année en septembre à Nanjing.
Auparavant éclipsé par la voiture, davantage perçue comme un signe extérieur de richesse pour les Chinois accédant à l’aisance matérielle, le vélo revient en force depuis le début des années 2010. Les raisons de ce come back sont multiples, à commencer par les incitations du gouvernement chinois qui encourage le sport et les activités de plein air et favorise les mesures de protection d’environnement. Le quotidien national China Daily rapporte que le premier ministre Li Keqiang a essayé un smart bike en fibre de carbone dans une experience store Flying Pigeon, alors qu’il était à Tianjin pour le Forum économique mondial en juin 2016. « Je tiens à dire aux entreprises chinoises de bicyclettes que je soutiens la montée en gamme intelligente de la stratégie du  » Made in China 2025″ », a-t-il affirmé.

Surproduction

Des start-ups emblématiques de la nouvelle économie chinoise ont développé leurs propres vélos de fibre de carbone. En juin 2016, le fabricant de smartphones Xiaomi a lancé son vélo pliant électrique QiCycle Mi. Vendu au prix accessible de 2 999 yuans (environ 390 €), le vélo est fait de fibres de carbone et pèse 14,5 kg. Il présente certains aspects techniques tels qu’une connexion Bluetooth qui permet à un moniteur d’application smartphone de gérer les statistiques de performance et la navigation GPS.  
Le conglomérat chinois LeEco a récemment lancé deux nouveaux “smart bikes” électriques. Le smart road bike, primé lors du Consumer Electronic Show 2017 de Las Vegas, comprend un cadre, une fourche, une selle, un guidon et des roues en fibres de carbone Toray T700. Cette utilisation intensive de fibre de carbone maintient le poids du vélo à 8,4 kg. Autre modèle de LeEco, le smart mountain bike dispose d’un cadre et d’un guidon en fibre de carbone Toray T700 et pèse 12,2 kg.
Ces vélos pointus « sont fabriqués par YongQi, une usine OEM basée à Changzhou, dans la province du Jiangsu, détenue par un Taïwanais », précise Lucifer Chou, chef de projet au salon Asia Bike Trade Show. Ils ne sont pas représentatifs de l’offre commune de vélos en fibre de carbone en Chine, où les vélos électriques et intelligents ne constituent qu’une petite niche initiée il y a deux ans. Mais ils sont la preuve que les vélos sont à nouveau tendance et symbolisent la Chine moderne.
« Notre estimation du nombre de cadres de vélo en fibre de carbone fabriqués en Chine et à Taiwan est d’environ 1,2 million, le reste du monde en fournissant 0,4 million. Les ventes annuelles de vélo en fibres de carbone en Chine atteignent approximativement 100 000 unités, dont 50 000 vélos haut de gamme. Il existe actuellement une offre excédentaire en raison de trop nombreux intervenants présentant de nouvelles marques et modèles », explique Alan Chen, VP marketing chez Topkey.
Topkey est un important fabricant taïwanais de pièces composites qui effectue des recherches sur l’utilisation de la fibre de carbone dans le secteur de la bicyclette depuis plus de dix ans, en mettant l’accent sur les vélos de sport et autres vélos de course légers et à haute performance.

Evénements cyclistes

Aux côtés de grands fabricants tels que les taïwanais Giant Bicycle et Merida Bike et les Chinois Battle-FSD et Solomo figurent certains acteurs innovants à l’instar de la société chinoise Ten Tech Composite basée à Dongguan, dans la province du Guangdong. Elle annonce avoir fabriqué le cadre de vélo le plus léger au monde – pesant seulement 635 g – au point d’être utilisé par le champion olympique de vélo cross-country Nino Schurter et par la championne du monde de vélo cross-country Jenny Rissveds.

La marque Pardus, détenue par Taishan Sports Group, parraine une équipe cycliste professionnelle et a conçu un vélo en fibre de carbone afin de participer à des Tours nationaux et internationaux, alors que de plus en plus d’événements cyclistes sont organisés chaque année en Chine. De son côté, la marque chinoise Kung, qui fabrique ses vélos de fibre de carbone à Huizhou, dans la province de Guangdong, met en avant ses vélos « à l’excellent rapport qualité-prix » vendus à moins de 10 000 yuan (1 300 €).
ZGL Lianyungang Shenying Carbon Bike a récemment présenté son modèle haut de gamme : le vélo SL2 pèse 6,4 kg et, « contrairement à d’autres vélos plus légers sur le marché, ne limite pas le poids du cycliste (qui peut aller jusqu’à 200 kg). » Pour ses vélos de route et de montagne, ZGL « utilise la fibre de carbone T700 et au-delà. »
ZGL a également présenté son modèle destiné aux services de vélo en libre-service, le QBike, qui présente des roues en alliage de magnésium et des pneus pleins, un siège réglable et un système de fermeture intelligente. Le vélo est équipé d’un système de déverrouillage automatique intégré, d’une sonnerie et d’une béquille alimentée à l’énergie solaire, ainsi que d’un GPS qui peut donner des informations à date fixe sur le vélo et le niveau de chargement de la batterie.
Les services de vélos en libre-service permettant aux utilisateurs de localiser, déverrouiller et louer des vélos traçables par des applications smartphone se multiplient en Chine, dans le sillage de la start-up Ofo et de son principal rival Mobike. Ils ciblent les jeunes consommateurs cherchant à contourner les rues encombrées et les transports publics bondés. Ces vélos n’utilisent généralement pas de fibre de carbone, mais encore une fois montrent que la Chine est en pleine renaissance du cyclisme, phénomène qui alimente la montée en gamme du marché et la sophistication de la demande.

 Croissance annuelle de 5 à 10 % d’ici 2020

Le prix unitaire de vente au détail des vélos de sport augmente du fait d’une hausse de la demande pour les vélos haut de gamme. Selon une enquête réalisée par le salon Asia Bike Trade Show auprès des consommateurs en collaboration avec le plus grand site Internet dédié au cyclisme en Chine, Biketo.com, le nombre de Chinois prêts à dépenser entre 8 000 à 15 000 yuan (1 000 à 2 000 €) est passé de 20,4 % à 26,3 % des acheteurs totaux entre 2014 et 2015, tandis que ceux prêts à dépenser entre 15 000 à 30 000 yuan (2 000 à 4 000 €) a crû de 13,4 % à 17,9 %. Et 64 % des acheteurs considéraient le poids comme un critère « important et très important » lors de leur achat de vélo en 2016.

« Après l’habillement, l’alimentation, l’habitat et la mobilité, la marge de progression est énorme pour le secteur des loisirs, en particulier pour les activités liées au sport. Pendant les deux à trois prochaines années, en raison de l’accroissement de la classe moyenne et du revenu disponible et de l’amélioration de la qualité/diminution du coût potentiel des vélos fabriqués en Chine (zéro taxe à l’importation), la tendance du marché du vélo de sport en Chine restera favorable », conclut l’enquête.
« Les vélos en fibre de carbone présentent à l’évidence un grand potentiel en Chine », affirme Alan Chen de Topkey. « Mon estimation empirique est une croissance annuelle de 3 à 5 % pour les trois prochaines années. La période 2020-2022 pourrait voir cette croissance s’accélérer à 5 à 10 % par an. »
Le salon Asia Bike Trade Show estime que « pour tirer parti de cette croissance, les entreprises concernées devront comprendre les attentes des classes moyennes urbaines chinoises et ajuster les prix, l’offre de produits, les canaux de distribution, le marketing et la communication aux besoins spécifiques de ce groupe cible. » Pour les marques occidentales de vélos, dont les modèles en fibre de carbone sont souvent présentés en Chine sur les sites d’information dédiés aux professionnels et au grand public en pointant du doigt leurs prix élevés, faire une percée sur le marché du vélo chinois ne se présente pas comme un parcours facile.

Cet article a été commandé et publié par JEC Composites Group