Source : 南方周末 Nanfang Zhoumo, 1er février 2012
Ce violet magnifique, ce n’est pas la couleur d’origine de la rivière.
Parmi les photos et les informations rapportées par un écologiste bénévole dans son journal, nous avons sélectionné les rivières colorées les plus ‘extraordinaires’. Les plus ‘fantastiques’ sont sans doute la rivière Jian, à Luoyang [Henan], et la partie de la rivière Xiang située à Xiangtan [Hunan], qui sont toutes deux ‘totalement rouges et violettes’ du fait de l’évacuation des eaux colorées par les teintures.
Après que les ateliers et les entreprises qui se débarrassaient à tort de leurs eaux usées ont reçu l’ordre de cesser le travail, la couleur de la rivière a rapidement perdu de son intensité. Le département de la protection de l’environnement a alors déclaré que ces eaux colorées par les teintures ne présentaient aucun risque, ne contenant pas de métaux lourds ni autres composants de chimie organique, et que c’était juste un excès de colorants.
Mais combien reste-t-il encore de rivières qui sont en train de supporter en silence une pollution encore plus massive, sans qu’il y ait de couleurs de l’arc en ciel pour attirer l’attention ? Ou peut-être sommes nous habitués depuis longtemps à voir près de chez nous ces rivières boueuses et remplies d’ordures.
Selon ‘le rapport de la situation environnementale de la Chine 2010’, la pollution des eaux de surface en Chine est toujours aussi importante. En effet, les sept grands systèmes fluviaux du pays présentent une pollution légère, l’eutrophisation pose de graves problèmes dans les lacs (réservoirs), et la qualité de l’eau dans les régions côtières laisse globalement un peu à désirer. Au cours du 11e plan quinquennal, la Chine a alloué des montants élevés au contrôle de la pollution de l’eau, dont un investissement de plus de 30 milliards de yuans uniquement dédiés à l’eau.
D’après le ‘12e plan quinquennal de la protection de l’environnement en Chine’, la demande chimique en oxygène – principal indicateur permettant d’évaluer la charge polluante des eaux usées, est en baisse de 12,45% par rapport à 2005, et le taux de traitement des eaux usées dans les villes a atteint 72%. Certes, la qualité de l’environnement des eaux s’est d’une certaine manière améliorée, mais le contrôle de la pollution des eaux reste encore une longue route semée d’embûches.
« Il y a vingt ans, ici c’était notre terrain de jeux avec mes amis, nous pêchions sans fin des loches et des langoustines sur la plage, les roseaux des marais s’agitaient dans la brise de l’automne, comme s’ils nous encourageaient à venir jouer à cache-cache à l’intérieur.
Aujourd’hui, toutes sortes d’ordures l’envahissent, s’accumulent et forment un monticule. Quelle que soit la saison, l’odeur est pestilentielle et fait proliférer les moustiques et les mouches. Il me serait pénible de raconter cette histoire à mon propre enfant, parce qu’il risquerait de me demander : papa, comment se fait-il que l’endroit où tu t’amusais quand tu étais petit soit devenu un tel dépotoir? », a écrit Shi Yalun dans son journal écologiste, à côté d’une photo de rivière blanchie par les déchets.
Si vous aviez ce même type de rivière dans votre enfance, vous vous souvenez encore de sa couleur naturelle ?
Wang Tao