Source : 经济观察报 The Economic Observer du 3 juin 2011
Désert culturel, c’est l’étiquette qui colle à Hong Kong dans toute son étendue, et c’est même pour les adolescents hongkongais un moyen de s’assurer une vie convoitée de relaxation et de jeux solitaires. Mais en réalité, les Hongkongais aimeraient bien se débarrasser de cette étiquette, non seulement parce qu’elle donne à la ville un caractère superficiel, mais aussi car la culture et l’art peuvent se convertir en dynamisme économique, et tout Hongkongais digne de ce nom ne veut pas se trouver en dehors de là où les affaires se font.
Il y a quatre ans, a été crée Art HK (salon international de l’art de Hong Kong). Mais dès le départ, personne n’était optimiste. Hong Kong compte-t-elle suffisamment de représentants de l’art contemporain?
Comment un lieu dont les bases culturelles sont dites ‘fragiles’ peut-il faire taire sa mauvaise réputation en matière d’art? Et depuis quand un environnement financier favorable peut-il garantir le succès d’un salon international? Il faut toutefois remarquer que les foires d’art contemporain modèles du genre – Bâle et Miami – évoluent et prospèrent dans un environnement plus orienté vers la finance que véritablement artistique.
Bâle se divise en deux, de part et d’autre du Rhin, avec la France d’un côté, l’Allemagne de l’autre, proche de la voie express. C’est la ville suisse la plus active économiquement : chaque année s’y tiennent les plus grands salons internationaux, où sont prises des décisions qui influent sur le secteur de la finance internationale. Quant à Miami, elle abrite de nombreux sièges sociaux de banques et de chaînes de télévision. Elle reçoit les influences des communautés américaines et des îles des Caraïbes et incarne la fusion de plusieurs cultures. La ville a d’ailleurs été baptisée ‘capitale des Amériques’.
Vrai centre névralgique, Hong Kong n’est pas très différente, et sa position géographique lui permet de pouvoir faire le lien entre le marché de l’art à l’est et à l’ouest. Les œuvres d’art n’y sont pas taxées, alors qu’à Pékin, le taux de taxe atteint 30%. Evidemment, lorsque des oeuvres d’art achetées à Hong Kong sont apportées à l’intérieur du pays, les taxes s’appliquent, mais il est de notoriété publique qu’un grand nombre de personnes vont chercher tous les moyens possibles de passer outre.
De plus, les organisateurs de salons étrangers travaillent à Hong Kong dans les meilleures conditions. Pour les quatre éditions de ART HK, par exemple, les neuf personnes de l’équipe dirigée par le directeur anglais du salon Magnus [Renfrew] forment une véritable petite ONU : bien que peu nombreux, ils viennent du monde entier.
Ils n’ont pas besoin – et n’ayant pas la même langue, ils n’en sont pas capables – de comprendre rapidement les formalités procédurières extrêmement compliquées à l’intérieur de Chine exigées par les officiels de la culture et de la créativité. A Hong Kong, ils utilisent l’anglais et peuvent tout obtenir. La ville leur offre ce type d’environnement favorable : s’ils ont une bonne équipe, ils n’ont besoin que de temps.
Les bons résultats de ART HK ne sont pas passés inaperçus auprès de la foire d’art international Art Basel. En avril, Art Basel n’a pas pu s’en empêcher d’investir dans le jeune ART HK, évitant ainsi le danger de les voir devenir une menace pour eux du fait de leur développement – en réalité, l’an dernier la proximité des dates des deux salons avait déjà entrainé l’abandon de Bâle au profit de ART HK d’une partie des collectionneurs asiatiques.
La foire de Bâle cherchait sans hâte à s’étendre en Asie, et elle arrive sur un marché très animé.
La première session de ART BASEL & HK va faire venir en force tout le cercle artistique de Pékin. En dehors des galeries, beaucoup d’agences étrangères et de médias artistiques étrangers prévoient de se déplacer car, selon eux, c’est tout simplement un motif de voyage.
Déjà, le 25 mai, lors de la cérémonie d’inauguration, tout le cercle artistique de Pékin est ‘venu en force’. Toutes les huiles du monde de l’art étaient présentes, presque tous les responsables des grandes galeries de la planète s’étaient déplacés, dont le directeur de la foire de Miami, ainsi que secrétaire d’Etat hongkongais aux finances, Tang Ying-nian.
Travail le jour, fête la nuit. Tang Ying-nian accueillait les invités au cocktail donné par la galerie Hauser & Wirth, puis au White Cube, à la soirée donnée par Louis Vuitton …. Toutes les personnalités du marché de l’art européen étaient de la partie, ce qui est positif pour l’image culturelle de Hong Kong, sans parler de sa réputation à l’international. C’est en fait une théorie enseignée avant le bac : pour améliorer son niveau ce n’est pas la peine de monter le plus haut, il suffit de se rapprocher du niveau moyen des autres. Concernant Hong Kong, son point fort c’est l’internationalisation, déjà reconnue depuis longtemps.
Au même moment se tenait ART HK, au premier étage du Convention and Exhibition Centre de Wan Chai. Le troisième étage était consacré à l’exposition précédant la vente aux enchères des 25 ans des ventes de printemps de Christie’s. Au cinquième étage étaient exposés Zeng Fan-zhi, ainsi que Zhang Huan, représenté par la galerie Malingue, pendant que les oeuvres de Zhou Tie-hai étaient montrées au Clipper Lounge de l’hôtel Mandarin Oriental. C’était une exclusivité assez rare de voir rassemblés à Hong Kong des artistes chinois du continent.
Les artistes locaux hongkongais se mêlent à cette effervescence. Il existe un certain nombre d’artistes locaux et de galeries à Hong Kong, mais la situation ne peut pas se comparer à l’espace Caochangdi et à la 798 Art Zone de Pékin.
La manière de créer n’est pas non plus la même, ni la surface d’exposition. Le climat artistique à Hong Kong est calme, silencieux, chacun s’occupe de ses propres affaires. Il n’y a pas de système, juste la propre vitalité et la force intérieure de l’artiste.
« Je ne connais presque pas d’artistes à Hong Kong qui se consacrent à plein temps à leurs tâches. Ils sont réparateurs de télévisions, conducteurs de bus… Leur vie n’est pas confortable mais ils y prennent plaisir », décrit le spécialiste Liang Wen-dao.
Le photographe Liao Wei-Tang le confirme : « le moment où ils font de l’art est désintéressé, ils ne sont pas en train de penser tout en créant : ‘ceci va me mener à la biennale de Venise, et va me rapporter tant d’argent.’ Leur vie n’est pas très facile, mais ils ne s’estiment pas non plus mal lotis, car ils ont une compensation dans leur art. »
C’est la raison pour laquelle, dans les ventes aux enchères et les foires internationales, il y a peu de chance qu’on vous présente quelqu’un en ces termes : « c’est un artiste hongkongais, il se vend très bien. »
C’est intéressant, n’est-ce pas? Une ville économiquement florissante, mais dont les artistes produisent des œuvres très éloignées de celles qui font vibrer le marché de l’art. A ART HK, dont les recettes ne sont pas du tout équivalentes à celles des foires d’art majeures du secteur, une grande galerie du premier étage a doublé ses ventes en une journée : un jour d’effort et il ne lui restait plus grand-chose. Ceci ne pouvait pas troubler outre mesure les jeunes artistes du deuxième étage, – ils évoluaient calmement, avec l’unique souci de communiquer leur expérience aux visiteurs, totalement indifférents au fait de vendre leurs oeuvres. Du point de vue de la création artistique, c’est l’attitude idéale. Qui l’eût cru, peut-être l’environnement artistique de Hong Kong est-il plus simple et pur que celui de Shanghai et Pékin ?
Le gouvernement hongkongais a toujours été favorable et incitatif envers la création d’oeuvres d’art. Les médias et les galeries d’art ont été informés de la transformation prochaine d’un terrain vague à l’ouest de Kowloon en quartier artistique, très grand, superbe, moyennant des investissements élevés. Par une température de plus d’une trentaine de degrés, un porte-parole du gouvernement a ainsi affirmé à des journalistes venus de Chine et d’Europe que ce vieux poste de police de Kowloon sera un jour un centre culturel.
Les derniers jours de mai, une grande exposition a mis en émoi les étudiants et les jeunes artistes hongkongais. On pouvait même y voir des jeunes en uniforme de leur école écouter les explications de leur professeur.
Wang Jun
经济观察网 王隽/文 经济观察网 王隽/文 自古以来,贴标签容易,摘下来难。不管这标签是自己乐意贴的,还是被迫的。